Attaques de Kipupu: 15 morts … Et 205 disparus

C’est plutôt 15 morts au lieu de plus de 200 tel que dénoncés directement il y a quelques jours par une trentaine de députés provinciaux du Sud-Kivu et par différentes déclarations sur les médias et dans les réseaux sociaux après l’attaque du village de Kipupu le 16 juillet dernier par la coalition Gumino-Twirwaneho; un groupe d’auto-défense de la communauté Banyamulenge, qui se serait vengé après une autre attaque quelques jours avant par la coalition Mai-Mai Biloze Bishambuke; un autre groupe d’auto-défense locale, sur les membres de leur communauté à Kalinga faisant 2 morts et plus de 400 vaches emportées selon eux.

A entendre les différentes déclaration selon lesquelles « 220 personnes » seraient massacrées immédiatement, cela faisait réfléchir. L’on s’imaginait par exemple une fosse commune ou tout un cimetière dans lequel les corps seraient entassés. Après un tôlé sur la toile, et les commentaires dans tous les sens, une délégation du gouvernement provincial du Sud-Kivu sous la houlette du ministre de l’intérieur et sécurité Lwabanji Lwasi Ngabo et la Monusco est arrivée pour la première fois à Kipupu mercredi le 29 juillet 2020, soit deux semaines après l’attaque dans le secteur d’Itombwe en territoire de Mwenga pour se rendre compte de la situation.

« Jeudi le 16 juillet 2020 la coalition dirigée par Michel Rukundo Makanika attaque et brûle simultanément les villages de Kipupu, Kalinga, Kiseke, Kalulu et l’avenue Mohabu de Kipupu abandonnée par la Monusco il y a 6 mois et les FARDC il y a 3 semaines pour des raisons non encore élucidées. Les assaillants s’y retirent vers 15h laissant derrière eux plusieurs maisons brûlées, 8 personnes tuées par balles et ou par machettes, 7 personnes mortes calcinées dans des maisons brûlées dans différents villages, 11 personnes blessées parmi lesquels 1 enfants, 205 personnes portées disparues, plusieurs femmes violées, un centre de santé pillé, plus de 300 vaches volés et plusieurs biens emportés… », précise Jean Abakwa, Président de la société civile de Kipupu.


Pour le ministre provincial de l’intérieur et sécurité, il y a lieu d’espérer que ceux qui ont été emportés dans la forêt sont encore en vie. « Nous avons aujourd’hui la liste des disparus, mais comme vous le savez les disparus on ne les considère pas comme les personnes absolument mortes. Elles peuvent se retrouver encore vivantes dans la forêt, c’est le temps qui nous le dira. En droit on dit que c’est après 2 ans qu’une personne disparue doit être déclarée comme morte », rappelle le ministre.

Lwabanji Lwasi Ngabo appelle donc à l’apaisement, il indique que la police sera déployée et l’armée renforcée dans cette région pour la restauration de l’autorité de l’État, et que des dispositions ont été prises pour l’acheminement de l’aide humanitaire. Le ministre de l’intérieur et sécurité précise aussi que des crimes commis de part et d’autre suite aux conflits intercommunautaires ne resteront pas impunis et appelle à la tolérance et à l’acceptation mutuelle.

A cette occasion, le chef de bureau de la Monusco Uvira, Ganda Abdourahmane a promis aussi que des troupes du maintien de la paix de l’ONU seront renforcées sur place. Il indique qu’elles s’étaient retirées car certaines couches de la population locale avait estimé qu’il n’y avait pas de danger à craindre par conséquent elles s’étaient déployées dans d’autres zones à risque. « Nous allons travailler ensemble avec les FARDC pour sécuriser davantage la zone », dit-il.
Pour l’instant, plusieurs habitants de Kipupu passent la nuit dans la brousse des hauts plateaux d’Itombwe et la plupart se plaignent qu’ils n’ont rien à mettre sous la dent.

Depuis des décennies, des conflits inter-éthniques minent le sud de la province du Sud-Kivu. Pour l’instant, les hommes du général Dieudonné Muhima, Commandant de l’opération des FARDC dénommée Sukola 2 sud Sud-Kivu se disent déterminés à faire régner l’ordre et la sécurité dans cette région. L’armée et la Monusco demandent seulement la collaboration des habitants du milieu, sans laquelle la mission ne réussira pas. De toutes les façons, d’aucuns estiment que le meurtre d’une seule personne c’est déjà trop, par conséquent l’État congolais devrait prendre ses responsabilités.

Par Mitima Delachance, de retour de Kipupu/Epupu

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