RDC/Revue annuelle du PEV : Mesurer les progrès de 2022 et analyser les défis de 2023 pour une population vaccinée et en bonne santé.

Des dizaines de participants venus de toute la République démocratique du Congo (RDC) se sont réunis du 23 au 28 janvier à Matadi. La capitale du Kongo Central accueillait la revue annuelle du Programme élargi de vaccination (PEV), un rituel nécessaire pour tous les acteurs de la vaccination venus apprendre, partager, et ainsi participer aux efforts nationaux pour l’amélioration de la couverture vaccinale en 2023.  

Les revues annuelles conjointes sont un mécanisme utile pour analyser les progrès accomplis dans le secteur de la vaccination et recenser les problèmes qui doivent trouver une solution pour améliorer les résultats. Elles fournissent une base commune pour comprendre les problèmes et les nombreuses priorités de notre secteur.

« C’est un moment capital pour discuter de nos succès en matière de vaccination, des faiblesses et des défis à relever pour l’année 2023 », confirme Dominique, qui travaille pour la base de données du PEV, à Kinshasa.

Au titre des succès, le PEV et ses invités revendiquent notamment : la certification de l’éradication du poliovirus sauvage ; l’élimination du tétanos maternel et néonatal ; l’amélioration de la couverture vaccinale ou encore l’augmentation qualitative et quantitative des équipements de la chaîne de froid.

Bien qu’un nombre croissant d’enfants ait accès a la vaccination dès la naissance et jusqu’à leur cinquième anniversaire, la RDC reste l’un des pays du continent africain qui abrite un nombre trop élevé d’enfants n’ayant reçu aucun vaccin ou qui commence, mais n’achève pas leur calendrier vaccinal, une situation analysée par le PEV dès la revue à mi-parcours organisée en août 2022.

« L’un des objectifs de la revue à mi-parcours du PEV a été d’identifier les meilleures approches pour atteindre les enfants qui n’ont pas été vaccinés ou que partiellement », a expliqué le docteur Aimé Cikomola, médecin directeur du PEV, lors de la revue annuelle de Matadi.

Ainsi, un enfant sur huit (soit 13%) n’a reçu aucun vaccin, tandis qu’un enfant sur deux (soit 45%) n’a pas reçu tous ses vaccins. Cela se traduit « par la persistance de plusieurs épidémies dues à des maladies évitables par la vaccination comme la poliomyélite, la rougeole ou la fièvre jaune », selon le directeur général de l’École de Santé publique, le professeur Désiré Mashinda.

Les deux tiers des enfants n’ayant reçu aucun vaccin vivent dans 10 provinces de la RDC, parmi les plus centrales et rurales du pays : 80% des enfants ‘zéro-dose’ vivent dans des zones rurales, pourtant 75% d’entre eux vivent à moins d’un kilomètre d’un établissement de santé, et 90% à moins de trois kilomètres.

Renforcement de la demande, des services et de la disponibilité de données de qualité

En RDC, il est demandé aux mères de respecter cinq rendez-vous de vaccination pour leurs enfants. A la naissance, à l’âge d’un mois et demi, à deux mois et demi, à trois mois et demi et à neuf mois.

Au cours de ces rendez-vous, les enfants sont immunisés contre des maladies telles que la poliomyélite, la tuberculose, les infections à pneumocoque, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, l’hépatite virale B, la méningite, les diarrhées, la rougeole et la fièvre jaune.

« Nous devons travailler au renforcement de la demande pour la vaccination de routine en nous concentrant sur la mise en œuvre du plan Mashako 2.0, et le renforcement de la surveillance », a expliqué le professeur Mashinda. « Il est également nécessaire d’améliorer la disponibilité des vaccins et l’entretien continu des chambres froides » pour répondre aux besoins de toute la population.

En effet, l’insuffisance de la demande de vaccins constitue la principale raison de la non-vaccination des enfants en RDC, tandis que cette situation, à laquelle s’ajoutent les difficultés de l’offre de vaccins, expliquent leur sous-vaccination.

En outre, il semble que l’accès des tuteurs d’enfants à l’information sur les services de vaccination semble particulièrement problématique, selon les enquêtes disponibles.

Disposer des données de qualité est une priorité pour le suivi et l’évaluation de tout programme de santé d’une manière générale et du PEV en particulier.

Vue des participants à la revue annuelle du PEV @Credit Photo Yves Ndjadi

Après une période de collecte, d’organisation et de compilation des données historiques de 2009 à 2021, l’ensemble de ces estimations triangulées ont été rapportées par le PEV comme données officielles pour cette période. La RDC devient ainsi le second pays dans la région Afrique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à réaliser cet exercice après l’Ethiopie.

Les estimations obtenues au terme de ce travail montrent que la couverture vaccinale en 2021 est de 65 % pour la troisième dose de Pentavalent (Penta3) et de 55 % pour la rougeole. Cependant, la couverture en Penta 3 a stagné autour de 71 % entre 2009 – 2018 et connu un bon de 2 points en 2019, grâce aux efforts du gouvernement congolais et de ses partenaires (notamment l’OMS, l’UNICEF, Gavi, ACasus, BMGF, etc.) dans le cadre du projet Mashako.

Les données préliminaires des enquêtes de couverture vaccinale, en cours, devraient être disponibles d’ici la fin du premier semestre 2023.

Le professeur Désiré Mashinda a également souligné que la motivation et la stabilité du personnel affecté au service de vaccination, ainsi que la qualité de la coordination des activités vaccinales, sont des facteurs importants à prendre en compte lorsqu’on évalue l’efficacité des interventions du PEV et des acteurs de la vaccination en RDC.

Représentant les partenaires du PEV, John Otumba, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), partage le même constat : « Nous espérons que cette rencontre aboutira à un plan opérationnel annuel pour 2023 qui permettra de relever les défis de la vaccination, permettre à la RDC d’aborder la question des enfants zéro-dose et intégrer la vaccination contre la COVID-19 dans le système de routine et les soins de santé primaires. »

Dominique, venue de Kinshasa pour participer aux discussions, est pleine d’espoir. « Il faut faire de la vaccination un succès afin que les enfants ne meurent plus de maladies qui peuvent être évitées par les vaccins. »

Avec Yves Ndjadi/ Responsable de communication de PATH-RDC

Ac

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