Mwenga : «La Monusco n’a jamais organisé une mission d’ambassadeurs pour enquêter sur l’exploitation des minerais» (Karna Soro, en Interview)

Après l’attaque des casernes militaires et policières dans la ville de Bukavu la nuit du 2 au 3 novembre 2021 par des hommes en armes jusque-là «non identifiés», une rumeur a couru dans la ville comme quoi l’ambassadeur des Etats-Unis en RDC Mike Hammer et d’autres ambassadeurs accrédités en RDC devaient se rendre à Mwenga le mercredi 3 novembre «pour enquêter sur l’exploitation illicite des minerais pas des chinois».

La rédaction de kivu5.net a voulu en savoir davantage, Mitima Delachance, est allé à la rencontre de Karna Soro, Chef de bureau de la mission de l’ONU en RDC, basé à Bukavu. Voici leur entretien:

M. Delachance : Monsieur Karna Soro, bonsoir!

Karna Soro : Bonsoir!

M. Delachance : C’est quoi la vérité dans tout ce qui se dit; est-il vrai que des ambassadeurs voudraient aller enqueter sur des minerais à Mwenga ?

Karna Soro : «Depuis bientôt trois ans, la Monusco a lancé sur la zone de Kigulube (territoire de Shabunda, Ndlr), en conjonction avec les agences des Nations-Unies, et sur un financement du Fonds de consolidation de la Paix, un projet de lutte contre les violences sexuelles. Il vous souviendra du viol qu’il y avait eu dans cette zone sur plus de 200 femmes. L’une des résultantes de ces atrocités avait été l’arrestation et la condamnation par la justice congolaise d’un certain Kokodikoko, et le démantèlement de son groupe armé.

La Monusco a lancé un projet dans cette zone, qui a permis de faire reculer cette violence contre les femmes dans cette zone, elle a été réduite considérablement aujourd’hui, des projets ont été mis en œuvre avec la population.

Et donc, une mission était prévue pour se rendre à Kigulube dans le cadre du comité de pilotage de ce projet là pour visiter les réalisations et aussi si vous voulez, inaugurer la case de la femme, la clinique juridique, mais aussi inaugurer la radio communautaire locale qui a été installée à Kigulube».

M. Delachance : Donc ce n’était pas pour enqueter sur les mines de Mwenga?

Karna Soro : «Personnellement je ne sais même pas de quoi on parle parce que nous avons entendu aussi cette information circuler, et donc je viens de vous dire out de suite de quoi il s’agissait, et l’objet de cette mission qui devrait se tenir dans la zone.

Les chefs des agences des Nations-Unies sont arrivés à Bukavu, le directeur du bureau conjoint des droits de l’homme était à Bukavu, le comité technique du projet s’est réuni à Bukavu, à l’hôtel Elizabeth pour discuter des résultats de ce projet là. Une équipe est sur Kigulube en ce moment, d’ailleurs ce projet a été visité il y a quelques mois par des représentants des médias locaux et par des représentants de la société civile notamment la représentante de la LUCHA (Lutte pour le changement, Ndlr), la représentante du réveil des indignés, nous avons amené toutes ces personnes à Kigulube pour qu’elles voient le travail qui était en train d’être effectué par les agences des Nations Unies ensemble avec la population. Donc c’est vraiment un projet qui a obtenu le succès, qui a réussi à avoir des réalisations, des résultats concrets, palpables, que chacun peut aller voir à Kigulube».

M. Delachance: Et les ambassadeurs?

Karna Soro: «Malheureusement les ambassadeurs ne sont pas venus à Bukavu, ils n’ont plus eu le temps d’arriver. Comme vous le savez, cette mission était initialement prévue trois mois avant.Les dates initialement prévues ont coïncidé avec l’éruption volcanique à Goma.

Et maintenant les deuxièmes dates fixées ont coïncidé avec la conférence sur le climat(Cop26) qui se tient à Glasgow et vous conviendrez avec moi que ces ambassadeurs, notamment l’ambassadeur de Grande Bretagne qui est très impliqué dans cette rencontre sur le climat ne pouvait pas se déplacer à Bukavu. Donc les ambassadeurs n’étaient pas là, par contre, les chefs des agences des Nations Unies étaient là, conduits par le directeur du bureau intégré des droits de l’homme, et l’évaluation du projet s’est effectué comme prévu».

M. Delachance : Monsieur Karna Soro, Chef de bureau de la Monusco/Bukavu, Merci

Karna Soro : C’est moi qui vous remercie!

Vu la situation d’insécurité qui a prévalu à Bukavu le 3 novembre, la mission de Kigulube a été annulée, et l’évaluation s’est faite à Bukavu selon le Chef de bureau de la Monusco. A noter que trois ambassadeurs étaient attendus à cette activité, entre autres ceux de la Grande Bretagne, de la Suède, et de Norvège.

Par la Rédaction

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